Jouer META

La Meta est une manière d’improviser sur plusieurs niveaux de jeu. De JE. C’est une conscience ouverte sur la totalité des aspects du jeu et un dialogue entre ces différents niveaux. C’est la mise à nu du processus créatif.

Le premier niveau : C’est le niveau narratif. La fiction, le personnage, l’histoire. C’est celui qui est le plus courant dans le jeu. Le plus explicite. Celui vers lequel on tend quand on joue.

Le deuxième niveau : C’est l’acteur.ice, le metteur.euse en scène… C’est la conscience du jeu. Comment je joue ? Comment l’impro est jouée ? comment est-elle mise en scène ? Quels procédés techniques utilise-t-telle et quels outils scéniques ou dramaturgiques vais-je mettre en place pour mettre en forme la fiction ?

Le troisième niveau : C’est la personne. Quelle part de moi j’accepte de mettre dans la scène. Qu’est-ce que je choisi de dire de moi où de mon histoire ?

Je dirais que l’intime est la matière, l’acteur.ice le moyen (il peut aussi prendre une part de la narration, et créer la distance, la mise en abîme, la complexité), le personnage est les résultat. Il devient la somme de ce qui a été établi . La somme de cet empilement de niveau est la naissance du “JE” fictionnel. Un avatar de soi. Un personnage qui nous ressemble, qui porte une part de soi, mais n’est pas soi. La fiction, la forme, est le voile de pudeur, car META n’est pas un psychodrame ou une psychanalyse en direct.

Les niveaux META (personnel, acteur.ice, personnages) n’ont d’intérêt que lorsqu’ils portent une fiction. Sans cela, la Meta devient une matière  impudique assez peu intéressante. Les différents niveaux doivent être connectés entre eux. Ils doivent interagir, trouver une fluidité. Ces niveaux sont concrets. Ils sont la matière du jeu, un sujet en eux même.

La Meta demande de travailler plusieurs niveaux d’écoute.

L’écoute de base : comprendre le fond, les mots, la forme. Comprendre les enjeux, la situation, qui est l’autre, comment il joue, où est-il placé ? Où l’autre veut en venir ? Etc.

L’écoute META :  C’est une écoute qui convoque  metteur.euse en scène et l’auteur.ice. Elle demande de sortir de soi pour se voir jouer . C’est une écoute qui supervise l’ensemble et utilise les différents éléments techniques, naratifs et d’interprétation afin de les intégrer, les mélanger et les dépasser. Quel est le lien entre l’acteur.ice, le personnage et soi.

L’écoute META c’est lire entre les lignes, lire les META enjeux. De faire du réel une fiction et jouer sur tous les niveaux en même temps.

La méta c’est la pleine conscience injectée dans le mouvement. Si on reste trop dans sa tête on ne peut pas jouer. Si on joue sans réfléchir ce n’est pas Meta. Cet équilibre demande un déséquilibre. Un saut en avant pour que la machine fonctionne.

Pour que ça devienne META, il faut que ça se transforme en un objet artistique. Que la vérité et le mensonge soient liés, que ce soit comme une bagarre, un chaos.

Le spectacle «META » est sur le fil du jeu, de l’instant, de la part de soi livrée brute, de la mise en place de la création en direct.