Labo processus créatif / Le Plagiat

Lors d’un labo “Processus créatif”, nous devions être 4, nous fûmes 2. Alors Marie et moi avons travaillé sur la question du Plagiat. Nous nous sommes lancés sans anticiper sur cette question. Nous avons performé des impros de 10 minutes, non stop, en relais pendant 2h. Chacun essayant de plagier l’autre à tour de rôle. Cette séquence nous a amené à un certain état de lâcher prise intéressant. Cela avait donné une matière curieuse qui se polluait, se répondait mais nous avions l’impression d’avoir seulement effleuré le sujet.

Alors, lors d’un labo suivant, je décidais de retravailler ce sujet différemment. Marie m’avait proposé la veille de m’observer alors que je dirigerai ce labo. J’ai trouvé l’idée marrante et intéressante alors je lui ai proposé de faire la même chose quand ce serait le tour de son labo le lendemain. Marie a toujours des idées qui décalent la forme et le fond dans le travail. J’ai toujours tendance à accepter en première intention. Ses propositions vont créer une matière neuve, assez loin de moi dans laquelle je vais pouvoir m’inscrire et développer mon propre processus créatif.

Marie devait donc observer mon processus créatif alors que je dirigeais l’exercice. Nous étions 4, et nous avions 3h. Christelle et Bérengère étaient les cobayes.

Je commençais par introduire rapidement le sujet :

le Plagiat est le sujet du Labo : réaliser, non pas un travail de faussaire, mais un travail de plagieur. Copier la substantifique moelle d’une œuvre sans que l’on puisse vraiment crier au scandale alors que c’est la même chose.

Plagier qui ? Quelle œuvre ? Etre personnel.

Imiter une œuvre ne va pas être intéressant. Le plagiat c’est l’art des voleurs. Copier quelque chose sans que cela ne se remarque. On reconnait mais on ne peut pas dire que ce soit vraiment la même chose . On décale la forme, juste ce qu’il faut pour ne pas se faire attaquer. Quand le faussaire cherche la copie parfaite, le plagieur cherche à s’approprier la singularité de l’œuvre.

Un travail habile et compliqué. Copier, sentir l’arnaque, identifier la substantifique moelle. La difficulté est de devoir dépouiller, désosser l’œuvre et la remonter différemment. On doit être capable de reconnaître, mais pas directement. Ce n’est pas simplement s’inspirer. Car s’inspirer c’est poser la question autrement, développer une approche personnelle. C’est au final décaler, renouveler, développer le fond et la forme. Ces questions sont très présentes en peinture en terme d’influence. On parle alors de mouvement. Chacun.e explorant un versant différent d’un nouveau point de vu pictural. En stand up, on connait le cas “copy comic” avec Gad Elmaleh. En musique c’est assez courant aussi. On reprend un bout de la mélodie ou des paroles… en littérature aussi… Mais au théâtre ? Il est nécessaire d’analyser le processus, le fond, la forme… De le reproduire soit en décalant un des points de vue (fond, forme), en essayant d’aller plus loin “qu’à la manière de”. Car on ne doit pas se faire prendre. Ce n’est pas non plus un “citation” , car la citation est un hommage qui nomme l’auteur original et ne cherche pas à cacher sa filiation. Le plagieur s’approprie. Il cherche la reconnaissance, la pérennité de l’idée originale.

Je pense que ce sujet interroge directement le processus créatif. Se mettre à la place de. Devenir l’autre. (Ce qui en soit est aussi le thème d’un autre labo)

Phase 1

Seules – On prépare une courte performance sur le thème du plagiat pendant 20 minutes.

Créer une œuvre personnelle, qui copie une œuvre de votre choix. La copier en espérant ne pas se faire chopper.

  • Est-ce que le thème est trop ouvert ? Christèle et Bérengère sont toutes les deux perdues. Pour traiter ce sujet il faut je pense, être assez au fait de son propre processus créatif.
  • Est-ce que plagier est un symptôme de la spécularité ? Est-ce qu’on plagie pour trouver son propre égo. Mieux vaut-il voler que de ne rien créer ?
  • Le choix de l’œuvre à plagier est très complexe. Le sujet est vraiment compliqué. Comment Plagier et ne pas s’inspirer. Qui plus est sur un temps court.
  • 20 minutes j’aime bien. C’est très court et suffisamment long pour une première phase.
  • Qu’est-ce que j’aurais fait moi ? Je me pose toujours la question. Je démarre mon processus créatif : Je serais parti sur un monologue. Oui. Je pensais à Shakespeare ou à Tchekov… Mais je pense à l’introduction des carnets du sous-sol de Dostoïevski. Je l’aurais relu. Remis en mot… C’est connu sans trop l’être. Ça peut passer.
  • Ça me fait penser à Chat GPT qui peut reformuler…
  • Mais alors ? Est-ce que la forme c’est l’œuvre ou est-ce déjà l’idée ? Le fond est il dissociable de la forme ?

Phase 2

On plagie le plagiat de l’autre – Prépa 20 minutes

Le but caché, en tout cas ce que je cherche, c’est de commencer à décaler la proposition initiale pour la ramener dans son girons. On va passer du plagiat pur à quelque chose qui va d’avantage être “l’influence”. On passe à la deuxième digestion. La matière commence à se transformer d’avantage. Si on travaillait sur une nature morte, on commencerait à passer au cubisme ou à de l’abstraction.  La difficulté reste malgré tout d’essayer de respecter la contrainte. Qu’est ce que je garde de l’œuvre qui m’a été proposée. Comment est il possible de plagier à ce moment là ?

Phase 3

Plagier son plagiat. Comment se plagier soi même ? 20 minutes

Mon idée est de créer une forme nouvelle, qui nous ressemble à partir de l’exercice précédent. En plagiant l’autre, on passe son œuvre au prisme de sa propre sensibilité. On a déjà commencé à se rapprocher de soi et de sa créativité.

Pour cela il faut être clair avec son artiste.  C’est un travail conceptuel. Qu’est-ce qui me définit en tant qu’artiste ? Comment peut on identifier mon travail ? Comment en parler ? Tous les artistes ne savent pas forcément parler de leur travail. Certain.es sont très instinctives et sont plus dans le faire. Je me rends compte que c’est un exercice qui risque de poser problème. Marie et moi sommes très conceptuels et analytiques. D’où cette façon d’aborder le labo.

Bérengère commence :

Comme d’habitude elle fait sa tète qui s’excuse. Elle commence en expliquant son processus. C’est marrant ça donne une sorte de soliloque mélangeant les explications à une forme. Une sorte de questionnement entre présence et absence. Elle a enregistré un texte sur son téléphone qu’elle diffuse en sortant de scène. Le plagiat c’est la disparition ? Je suis curieux de savoir si elle avait tout prévu. Par contre, pour moi,  il s’agit plus d’une citation…

Christelle Plagie Bérengère

Elle a du mal avec la contrainte du temps pour travailler. inachevé.

  • pas de forme en dehors du soliloque.
  • introduction.
  • forme conférence.

Pour qu’il y ait plagiat il faut une œuvre.

Marie me demande de diriger plus.

Elle me demande d’utiliser l’écriture à la volée, la mise en scène en direct comme je la pratique à la Morsure. Elle me demande d’être plus directif. A ce moment là je suis déstabilisé. Je sens que cela m’agresse car je suis moi-même dans mon processus créatif de Labo, c’est-à-dire l’écriture. Et je n’ai pas envie de faire ça. Je comprends que Marie a moins de choses à observer mais à ce moment là, ce qui m’intéresse, c’est de voir comment les comédiennes pensent ou créent. Réfléchir. Comprendre.

Marie étant mon observatrice, je me sens un peu obligé d’accepter sa demande. Elle précise que c’est ça qu’elle attendait de moi : voir mon processus créatif pendant que je dirige. C’est pas vraiment ce que j’avais envie de faire. Ce que j’avais envie de faire c’était simplement observer leur processus créatif alors qu’elles étaient en train de fabriquer quelque chose. Je voulais  nourrir ma réflexion, les voir dans le marécage et non pas les diriger. Je ne me sens pas bien à ce moment là. Je retrouve mes blocages quand au fait d’être dirigé et le fait de chercher toujours une porte de sortie dans les contraintes afin de me sentir mieux. Je me tends. Je me sens attaqué. Le processus créatif est chez moi un endroit de l’intime absolu et extrêmement protégé.

j’essaie malgré tout de le faire. Évidemment, ça m’énerve un peu. Ca m’embête de me soumettre à cette demande mais ça faisait partie de la contrainte. Je me demande si j’ai bien écouté ce qu’elle m’a demandé au départ ou si j’ai simplement fais ce que j’avais envie de faire… Certainement les deux…  je le fais un peu à contre cœur et comme je n’étais pas du tout dans cet état d’esprit, j’ai du mal à m’y mettre. Ce n’est pas du tout le même mécanisme. Pour diriger, il faut prendre part à la création, être avec, en empathie. Alors que j’étais plutôt tranquillement installé dans mon fort intérieur à réfléchir. En même temps je comprends que pour Marie il est plus intéressant d’observer un créateur qu’un observateur. Que dire d’un observateur ?

Dans mes directions j’ai décidé de laisser certaines choses de côté. Etant peu inspiré du fait de mon absence, j’ai donné à partir de mes notes quelque chose de flou dont je n’étais pas certain. Comme une sorte de contrainte. Trouver la bonne idée au bon moment est quelque chose que je rencontre souvent quand je fais des mises en scène. Avoir la bonne idée au bon moment pour être celui qui sait. Prouver. Gagner la confiance des acteurs. C’est un point central en atelier. Quand je donne un stage, Je me sens toujours assez insécurisé au début. Les participants ont payé, ils attendent quelque chose. Il faut répondre. Avec l’expérience et la confiance en soi. J’ai moins le trac mais il est quand même indispensable de sécuriser tout le mondes. Il faut pouvoir convoquer son processus créatif quand on en a besoin. C’est quelque chose que je sais faire. C’est une disposition particulière, comme changer de braquet. Ca demande une tension très forte vers l’œuvre qui se crée. C’est être avec, dedans et au dessus… Comme dans la Meta. Il faut être soi même en jeu. C’est quelque chose de naturel chez moi, une certaine disposition d’esprit. Je ne l’avais pas forcément conscientisé avant. Avec la Meta j’ai trouvé un endroit qui me ressemble beaucoup et qui me permet d’être à tous les endroits de mon processus créatif en même temps. Etre observateur, directeur et acteur en même temps. Digression. On raccroche.

Ma première proposition n’était pas terrible mais Bérengère a tout de même essayé de la suivre. Alors j’ai changé. J’ai peut-être mal écouté sa première proposition. Il faut d’une manière générale que j’essaye de mieux écouter et que je prenne plus le temps de réfléchir. Souvent je prends des notes pendant les impros, toujours pour éviter d’oublier mais aussi parce que la parole précise ma pensée et crée une matière sur laquelle je peux m’appuyer. Je rentre profondément dans mes réflexions. Je sais que mon idée prend forme au fur et à mesure de la parole. En général, j’ai rapidement l’impression d’avoir compris ce qui se joue et ça ne m’intéresse plus. Alors j’écris et je réfléchis. Le problème est que ça me coupe de la scène à un moment, et que je ne suis pas à l’abri qu’il se passe quelque chose d’intéressant en mon “absence”.

Ainsi, mon processus créatif s’exprime par la verbalisation, l’écriture, le signe, le support. Un peu comme dans la pratique de la méta, c’est la matière souvent inutile, les pensées que l’on exprime. Tous ces brouillons qui normalement se jettent, les petits dessins au coin du carnet. Le fait d’écrire, fixe mon processus et m’active.

Je me suis repris.  J’ai changé de braquet. J’ai dirigé Bérengère sur sa capsule car j’ai continué d’avoir des idées. Je me dis que j’aurais aimé faire la même chose, faire le même exercice ? J’ai écrit sur mon carnet “travailler en entonnoir”. Je crois que je voulais dire à ce moment-là : créer beaucoup de matières pour finalement n’en garder que peu et l’affiner. Je pense que ce n’est pas ma façon de travailler.  Souvent je pars d’une intuition, une idée assez précise de ce que je veux ou alors l’intuition forte de quelque chose d’assez informel mais qui me donne une direction, une orientation, une question pour le travail.

pendant l’exercice j’ai encadré quelque chose qui me semblait important, une autre idée qui  raconte aussi que mon processus créatif et ouvre de nouveaux tiroirs.  J’ai écrit : “Discussions. Parler dès que quelque chose passe par la tête. Dire ce qui passe par la tête. Parler sans le besoin d’être entendu.»  Je me rends compte qu’on utilise cette chose là déjà à la Morsure, depuis nos débuts. Ca a donné plusieurs exercices sur mon premier labo ou je demandais l’explicitation du processus créatif en direct. Je demandais au comédiennes, alors qu’elles préparaient, de verbaliser absolument tout ce qui leur passait par la tête. Puis j’ai développé ce principe en leur demandant pendant leur performance, d’expliciter encore tout ce qui leur passait par la tête.

Je remarque que Christelle a besoin de se créer une nécessité, un déséquilibre, une gêne. Ceci me pose une question importante: comment créer une nécessité dans la création ? comment se diriger vers son état ? Comment créer soi même son déséquilibre ? Une tache sur la page blanche. Je remarque que le déséquilibre peut arriver par une modification de l’état. On sait qu’il peut y avoir une sorte d’état de transe mais parfois juste l’état physique va provoquer une certaine inspiration liée au processus créatif. Exemple : avoir froid peut conditionner un déséquilibre qui va modifier notre perception et donc influer sur notre processus créatif.

Dans mon carnet, parmi mes notes, j’écris aussi ce que je traverse. J’essaie de définir mon état. J’essaie d’être le propre observateur de moi-même. C’est une sorte d’extension de mon rapport à la psychanalyse. Alors j’écris ceci : «je me rends compte que j’essaie d’écrire moins vite et mieux. Faire moins vite permet d’avoir de l’avance sur mes idées, mais c’est difficile. D’ailleurs dans le jeu, je préconise souvent d’essayer de développer, de jouer moins vite, ce qui permet d’avoir un temps d’avance entre ses idées et le jeu. Ca permet d’avoir moins la tête dans le guidon mais ça reste quelque chose que j’ai du mal à atteindre sauf quand je suis dans le flow.” C’est un principe de poupées russes qu’on peut retrouver chez moi, dans la Meta, dans le labo, un peu partout à La Morsure. C’est une posture analytique de mise en abyme que nous avons en commun avec Marie et que nous aimons explorer.

Je me rends compte à la relecture que j’ai lâché les notes pendant les moments où je dirigeais. Je ne pouvais pas les reprendre ou les développer. Souvent ce sont des notes contextuelles. Des bouts de phrases qui ne sont liées  qu’au moment présent, à la proposition qui est faite sur scène. Alors je ne peux pas vraiment retranscrire ce que j’ai vu et ce que j’ai dit des performances. ça n’a pas beaucoup de sens . Mais dans ces notes il y a aussi ce que je peux penser ou ressentir. La forme carnet est très pertinente pour moi. J’essaie de trouver un principe littéraire qui pourrait  transposer mon propre processus créatif alors que je suis en train d’écrire. Cela rejoint l’aspect méta du jeu.  Être l’observateur de l’observateur. Alors que je recopie mon carnet, je suis à la fois spectateur de la forme que prennent mes écrits et en même temps j’influe sur cette forme en la commentant, en la développant. Ces commentaires et ces développements créer une nouvelle forme qui tente de donner accès à une pensée en mouvement.

Commentaires à la relecture

C’est drôle, je remarque deux choses à la relecture de ce texte. La première c’est que je n’ai pas du tout abordé la contrainte d’être observateur de Marie lors de son labo de la même manière. J’ai tenté d’être le plus invisible possible. D’agir le moins possible sur elle.

La seconde résonne avec l’état dans lequel j’entre lorsque quelqu’un pénètre, de quelque manière que ce soit, dans mon processus créatif. C’est un état particulier. Comme une bulle ultrasensible. Lorsque quelqu’un essaie d’y entrer, de me diriger, d’orienter, j’ai une réaction épidermique. Quelque chose de très violent que je contiens très fort. Comme quelque chose qui hurle en moi.  Ca peut ressembler à de la sidération de l’extérieur.  Ca me dépasse. J’aimerais ne pas ressentir ça. Mais c’est comme un système d’alarme qui s’est installé malgré moi.

Je parle aussi de l’INSPIRATION. Je ne la nomme pas ainsi, j’en parle comme de l’intuition. C’est assez difficile d’en définir les contours. On en a une représentation assez romantique. Pour ma part, je vais parfois avoir une idée très précise et ça c’est la partie “changer de braquet” que j’exprime. C’est très agréable et gratifiant. Mais pour moi, ces idées entrent dans mon champ de compétences. Elles ne proposent que rarement quelque chose de nouveau. Le fait de travailler beaucoup à deux avec Marie nous permet de nous stimuler en offrant à l’autre l’altérité. Ce qu’il en ressort est quelque chose qui nous échappe à tous deux. Une sorte d’hybride. Trouver une propre matière complètement personnelle est différent et plus laborieux. Je crois que le cheminement créatif est très personnel. Ce qui me plaît, et étrange à cet endroit, c’est le fait d’être dans quelque chose d’abstrait qui m’attire. Je ressens une piste de travail. Elle n’a pas forcément de forme et je ne sais pas comment l’atteindre. Je sais qu’une fois que j’ai cette intuition, les étapes pour rejoindre cet objectif vont se mettre en place malgré moi. C’est invisible et indescriptibles. Un processus inconscient qui se met en place sans moi et auquel j’ai appris à faire confiance. Puis, plus je vais me rapprocher de mon objectif, plus il va devenir net. Sortir des sentiers battus demande parfois de la patience et de la confiance. Une sorte de foi. En mon for intérieur je sais que je vais arriver à destination. Une destination que je ne connaissais pas avant de commencer le voyage.

Être loin de sa résolution. Pour moi cela résonne comme sur une improvisation où je vais toujours conseiller de projeter l’objectif de la scène le plus loin possible de nous. Un peu comme un hameçon lorsqu’on pêche. On projette l’objectif au loin et puis petit à petit on va avancer vers lui. Se diriger vers son état raconte aussi la conscience de la nécessité. Je remarque que souvent les improvisateurs ont du mal à se définir et si ils ont du mal à se définir, ils vont avoir du mal à trouver leur artiste. Alors, ils auront des soucis pour trouver leur nécessité. La nécessité et le déséquilibre nécessaires à la création. C’est pour ça que souvent, quand je propose des débuts de scène, j’insiste sur l’importance de ne pas commencer sur une scène en miroir. C’est-à-dire à un mètre de l’autre, en face, avec une question neutre ou une réplique neutre. Je demande souvent de commencer les improvisations par une proposition arbitraire sans forcément faire attention à l’autre. Je propose de créer un déséquilibre en prenant un parti pris de texte, d’action ou physique, qui les engage malgré eux dans une direction inconnue. Ceci, tout en jouant la scène qu’ils avaient prévu ou avec laquelle ils sont à l’aise. Ce procédé crée une matière inconsciente qui enrichira la proposition initiale et créera une complexité permettant au public d’être plus actif, d’essayer de comprendre ce qui se joue. Cette distance entre les 2 choses jouées en même temps créent une matière invisible qui enrichit l’ensemble de la scène. Je parlais aussi de la première réplique, de son importance mais aussi de son manque d’importance. Même si une première réplique peut être banale sur le sens qu’elle développe, elle se doit d’être précise et spécifique. Elle doit donner un maximum d’informations, même si elle reste ouverte. J’en parle dans “Ta première idée c’est de la merde”.